
Les effets de l’alcool sur le cerveau
Vous vous interrogez sur l’impact de l’alcool sur votre cerveau ? Peut-être avez-vous remarqué des troubles de la mémoire, des difficultés de concentration ou des changements d’humeur. Les effets de l’alcool sur le cerveau sont loin d’être anodins.
Des recherches scientifiques ont mis en évidence que la consommation d’alcool, même modérée, peut entraîner des altérations significatives de la structure et du fonctionnement du cerveau.
Ce constat peut faire peur. Heureusement, les dommages cérébraux liés à une consommation chronique et excessive d’alcool sont en partie réversibles.
Votre cerveau sous l’effet de l’alcool : ce que vous devez savoir

Le cerveau est composé de deux types de tissus essentiels : la matière grise et la matière blanche.
Imaginez votre cerveau comme un ordinateur.
- La matière grise correspond aux composants qui traitent l’information, comme le processeur ou la carte mémoire d’un ordinateur,… C’est dans ces zones que s’effectuent les calculs, les prises de décision, le traitement des données,…
- La matière blanche agit comme les câbles qui relient les différentes parties de l’ordinateur. Elle permet la transmission rapide des informations entre les différentes zones de matière grise et assure une communication efficace dans tout le cerveau.
Des études ont montré qu’une consommation d’alcool même modérée peut entraîner une réduction du volume de la matière grise et altérer l’intégrité de la matière blanche. Ces changements affectent les fonctions cognitives, la coordination et la mémoire.
Fort heureusement, d’autres études ont pu démontrer que les dégâts causés par l’alcool sur le cerveau sont réversibles. Un arrêt d’alcool prolongé vous permettra de récupérer vos fonctions cérébrales.
Pourquoi l’alcool efface vos souvenirs ?
Vous vous êtes peut-être déjà retrouvé.e dans une situation où, après une soirée arrosée, certains souvenirs semblaient flous ou totalement absents. Ces « trous noirs » ou “blackouts alcooliques” sont des manifestations concrètes de l’effet de l’alcool sur le cerveau, en particulier sur l’hippocampe.
L’hippocampe est une structure clé du cerveau essentielle pour la mémoire et l’apprentissage. Elle est impliquée dans la formation et la consolidation des souvenirs et est très sensible à l’alcool.
En perturbant le fonctionnement de l’hippocampe, l’alcool altère votre capacité à former de nouveaux souvenirs.
Mémoire et apprentissages
Des études ont montré qu’une consommation problématique d’alcool est associée à une réduction du volume de l’hippocampe, ce qui peut affecter la mémoire et les capacités d’apprentissage.
Impact sur les neurones
De plus, l’alcool perturbe la capacité du cerveau à créer de nouveaux neurones et à renforcer les connexions entre eux, notamment dans l’hippocampe. Même une consommation modérée peut réduire de près de 40 % la production de nouveaux neurones dans cette zone, affectant ainsi la mémoire et la capacité d’apprentissage.

Alcool et anxiété : un cercle vicieux à comprendre
Avez-vous déjà remarqué comment une soirée bien arrosée peut influencer votre humeur le lendemain ? Vous passez d’un état d’euphorie à un état d’anxiété ou d’irritabilité le lendemain. Ces variations ne sont pas anodines : elles reflètent l’effet de l’alcool sur votre cerveau et sur les neurotransmetteurs.
Les neurotransmetteurs sont des messagers chimiques essentiels à la communication entre les neurones. Lorsqu’ils sont en équilibre, ils régulent des fonctions telles que l’humeur, la vigilance, le sommeil, la mémoire, la motivation et bien d’autres aspects de notre quotidien. Ils maintiennent un équilibre délicat qui est essentiel au bon fonctionnement de notre cerveau.
Lorsque nous consommons de l’alcool, cet équilibre est perturbé. L’alcool agit comme une substance étrangère qui interfère avec la communication entre les neurones, obligeant le cerveau à s’adapter à cette nouvelle situation.
Les anglophones l’appellent “Hangxiety”

Au lendemain d’une soirée bien arrosée, il n’est pas rare de se réveiller avec une sensation de malaise, une nervosité diffuse ou de l’anxiété. Ce phénomène, surnommé « hangxiety » par les anglophones, résulte des effets de l’alcool sur les neurotransmetteurs du cerveau.
L’alcool est un dépresseur. Lorsque vous consommez de l’alcool, celui-ci augmente l’activité du GABA, un neurotransmetteur inhibiteur qui procure une sensation de calme et de détente. Vous vous sentez presqu’instantanément détendu.e et apaisé.e. Mais votre cerveau perçoit cette détente soudaine comme un déséquilibre et cherche à rétablir l’équilibre en augmentant l’excitation cérébrale par le biais du glutamate.
Une fois l’alcool éliminé de l’organisme, le glutamate, désormais en excès, provoque une suractivité cérébrale. C’est pourquoi, le lendemain d’une consommation d’alcool, vous pouvez vous sentir anxieux, irritable ou avoir des difficultés à vous concentrer.
L’addiction à l’alcool chez les jeunes
L’adolescence est une période cruciale du développement cérébral. Elle est caractérisée par une maturation progressive des régions impliquées dans le contrôle des impulsions, la prise de décision et la régulation des émotions. Introduire l’alcool durant cette phase sensible peut perturber ces processus et augmenter le risque de développer une addiction à l’alcool à l’âge adulte.
Des études ont montré que commencer à boire avant l’âge de 14 ans multiplie significativement le risque d’addiction à l’alcool. Une enquête menée auprès de 43 000 adultes aux États-Unis a révélé que 47 % de ceux qui avaient commencé à boire avant 14 ans avaient développé une dépendance à l’alcool, contre seulement 9 % de ceux qui avaient débuté après 21 ans.
Sur le plan neurologique, la consommation excessive d’alcool chez les adolescents est associée à une réduction accélérée de la matière grise dans les régions frontales et temporales du cerveau, ainsi qu’à une croissance atténuée de la matière blanche. Ces altérations peuvent avoir des conséquences durables sur les fonctions cognitives et comportementales.
Dans une société où l’alcool est souvent valorisé et banalisé, il est essentiel de se rappeler que sa consommation n’est jamais anodine.
Les effets indirects de l’alcool sur le cerveau
La consommation chronique d’alcool a des effets profonds sur le cerveau, allant au-delà des répercussions immédiates sur l’humeur ou la mémoire.
- Neuroinflammation : L’alcool augmente la perméabilité de la paroi intestinale, facilitant le passage de molécules toxiques dans le sang. Ces substances déclenchent une réponse inflammatoire qui, en atteignant le cerveau, peut entraîner une neuroinflammation. Ce processus est associé à des troubles cognitifs et émotionnels, et peut aggraver les effets neurotoxiques de l’alcool.
- Déficience en vitamines B et complications neurologiques : La consommation excessive d’alcool perturbe l’absorption, l’utilisation et le stockage des vitamines du groupe B, essentielles au bon fonctionnement du système nerveux. Ces carences peuvent entraîner des troubles neurologiques graves.
- Altérations du système dopaminergique : L’alcool agit directement sur le système de récompense du cerveau, cette zone qui nous pousse à rechercher ce qui nous fait du bien : manger, rire, passer du temps avec des proches… Ce système repose en grande partie sur la dopamine, un messager chimique essentiel à la motivation et à la sensation de plaisir. Quand on boit, l’alcool déclenche une libération de dopamine, ce qui accentue la sensation de bien-être.
Mais à force de consommer de l’alcool régulièrement, le cerveau finit par s’habituer. Il compte de plus en plus sur l’alcool pour libérer cette dopamine. Résultat : vous vous sentez moins motivé·e, moins joyeux·se, moins satisfait·e par les choses du quotidien.
Votre cerveau s’ennuie sans apport d’alcool : il ne parvient plus à produire sa dopamine par lui-même et finit par compter sur l’alcool pour retrouver une sensation de bien-être.
Conclusion
L’alcool agit directement sur le cerveau : il perturbe les neurotransmetteurs, altère la mémoire, diminue la motivation et peut entraîner une dépendance. Chez les jeunes, dont le cerveau est encore en développement, ces effets sont d’autant plus marqués et durables.
Dans une société où l’alcool est souvent banalisé, il est essentiel de rappeler que sa consommation n’est jamais anodine.
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